Le capitalisme n’est pas le problème !

Voilà ! Maintenant on est bien divisés avec ce titre, comme ça on part sur de mauvaises bases, parfait ! Si tu veux savoir s’il y a un raisonnement derrière tout ça ou si je mets juste des titres polémiques, ben de un je suis vexé, c’est pour attirer l’attention certes mais j’ai des choses à dire. De deux, va falloir lire la suite pour s’en assurer héhéhéhé !

Qu’est-ce que j’entends par là ?

Tout d’abord prenons la définition de Wikipédia:

Le capitalisme peut être défini par deux caractéristiques principales : la propriété privée des moyens de production ; une dynamique fondée sur l’accumulation du capital productif guidée par la recherche du profit […]

(cf Wikipedia )

Alors je te vois venir avec tes « ça vient de wikipedia, c’est peut-être un néophyte qui l’a écrit » ou encore « mais pas du tout, ce n’est pas la définition que je connais » et je te dirais : « oui exactement ! ». Apparemment on entend tous un peu ce que l’on veut quand on parle du capitalisme, il est aussi tout à fait possible que tu reconnaisses cette définition comme étant la bonne. Il doit même y avoir quelques variantes dans les dictionnaires. Mais j’imagine qu’on n’est pas trop loin du cœur même du système, avec cette définition-là.

Alors pourquoi le capitalisme n’est pas le problème. Parce qu’on a tendance à finir par lui attribuer tous les maux de la Terre en fait, et si l’on cherche les liens, on peut effectivement en trouver un paquet. L’inégalité des richesses grandissante ; l’épuisement des ressources pour fabriquer tout un tas de trucs ; une logique de priorité au profit plutôt qu’à la santé, la sécurité ou le bonheur; etc etc…

Sauf que non, ça en reviendrait à transformer le capitalisme en un croque-mitaine diffus qui nous suçotent tous les bourses (…ouais bon on la refait) détruit tout le positif de l’humanité. Alors qu’il n’est qu’un outil, un système qui a permis la fameuse corruption dont on se plaint. C’est une organisation, une façon de fonctionner pour que la population se mette à créer, que les différentes communautés puissent produire et vendre ce qu’elles possèdent en surplus et achètent ce qui leur manque (en fait ça c’est plutôt le troc, puis le commerce, puis c’est devenu le capitalisme). C’est simplement un système d’échanges qui a évolué.

  • Alors oui la propriété privée des moyens de production, ça fait de grands propriétaires au bout d’un moment. Mais qui a dit qu’on ne pouvait pas les prêter (sans faire payer une blinde) ?
  • Une accumulation du capital productif, okay, soit. Mais pour produire quoi ? Si l’on revoyait les chaînes de production et qu’on se contentait de satisfaire des besoins (avec des biens durables et recyclables, par exemple) plutôt que d’essayer d’en créer de nouveaux. On siphonnerait moins les ressources et polluerait peut-être moins notre environnement. (reste le problème qu’en étant plus nombreux, on demande plus de ressources quand même, voir l’astuce de la dénatalité.)
  • La dynamique est guidée par la recherche du profit, super. Comme ça on peut soit relancer un autre cercle vertueux soit acheter ce que propose un autre capitaliste, non ? On cherche le profit d’accord, mais forcément beaucoup ? On ne peut pas le redistribuer après ? Pourquoi ?

Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui une personne extrêmement riche de redistribuer son argent ?(cette personne se fera harcelée ? Elle n’a qu’à le faire anonymement. Il y a des lois empêchant les dons excessifs ? Elle n’a qu’à créer une association et redistribuer à PLEIN de gens.) Il y a sûrement bien moins de problèmes à redistribuer de l’argent qu’à en gagner continuellement plus.

De plus si on raisonne en purs termes de logique, une croissance de biens de production infinie est impossible sur un espace fini, telle que la Terre. Alors oui on s’est un peu chauffé avec un footing sur la Lune et on se gargarise la bouche au kérosène d’aller sur Mars un jour ou l’autre. Mais est-ce que ça vaut bien le coup d’aller sur un caillou inhospitalier non-propice à notre vie ? Même si on se concentre sur une logique de coût/profit de cette terraformation, il y a peu de chances que ce soit rentable non ?

Alors c’est quoi le problème si ce n’est le capitalisme ? (même si t’es bien en train de l’enfoncer.)

Est-ce que je sais moi ? Non sérieusement, je ne vais pas prétendre connaître tous les tenants et aboutissants des problèmes de l’humanité. Simplement on peut voir que le capitalisme dans une définition stricte, n’est pas une fin en soi. C’est le cas seulement si on s’arrête aux mots accumulation et profit.

Par exemple pourquoi l’héritage ? Pour mettre nos descendants à l’abri du besoin, d’accord. Mais vu que la personne qui décède n’a plus trop la tête à utiliser ce qu’elle possédait, parfois n’a plus trop la tête tout court, est-ce qu’elle va venir se plaindre de qui utilise quoi ? Les héritiers directs héritent de tout ça, okay c’est sympa. Mais en accumulant les héritages de surplus pour les uns, et de dettes pour les autres, ça devient difficile pour les autres de respecter l’idée du capital.

Mais pourquoi est-ce qu’on n’élargit pas systématiquement le cercle d’héritiers ? Ou si l’on rendait tous les moyens de production publics à la mort d’une personne, ils seraient de nouveau disponible à l’acquisition ! (donc à l’accumulation => ça résulterait sur plus de petits propriétaires de capitaux pouvant performer que plutôt que de gros propriétaires qui ne savent même plus quoi acheter => Les différences de départ étant moins grandes, tout le monde aurait sa chance.)

Les problèmes ne viennent pas tous d’une même source. La violence existait déjà avant, les injustices, les catastrophes naturelles et climatiques aussi. En détériorant notre environnement et en privilégiant la valeur marchande à la valeur humaine, on a empiré les choses. Par contre, ce n’est pas inscrit en tout petit après la définition du capitalisme qu’on doit se comporter comme des gros sagouins. Comme ce n’est pas intrinsèque au communisme de déporter des millions de gens en désaccords, dans des goulags.

Parfois on se réclame antisystème et on aimerait que ça change. On est révolté par l’injustice et on a envie que ça s’arrête. Mais on sait rarement quoi proposer comme alternative. Peut-être que sur un sujet précis, on arrive à sortir une belle théorie bien propre, mais comment aborder le fonctionnement de la quasi-totalité du globe ? Alors on s’extasie devant la simplicité de vie qu’ont conservé certaines tribus et l’on se dit que ce n’est plus possible pour nous.

Et ce n’est pas loin d’être vrai. Nous avons tellement densifié et complexifié nos nombreuses actions, technologies, lois, systèmes, cultures et j’en passe, qu’il devient difficile de remettre en question le modèle d’échanges le plus répandu, sans toucher à tous les autres paramètres.

Mon père m’a dit plusieurs fois que le capital, à l’origine (je crois qu’il parlait de capitalisme positif), serait la récompense pour une personne qui répond à un besoin de ses concitoyens. Il répond au besoin en le satisfaisant via un bien ou un service qu’il produit (lui-même ou bien ses moyens de production) et on le remercie en le payant avec de l’argent (du capital).

Autant personnellement j’aime bien la vision, autant idéologiquement je ne peux pas être d’accord. Pour s’émanciper de la doctrine du capitalisme, il ne faut pas lui en prêter une, négative comme positive d’ailleurs. Oui c’est par ce biais que nous avons développé une économie, et que nous régissons notre demande de biens et de services envers les autres. Celui qui possède de la valeur marchande sous forme de monnaie et des moyens de production sous forme d’infrastructures et autres propriétés privées, peut acheter plus de choses qu’une autre personne.

On peut même aller jusqu’à dire que certaines personnes sont achetées par leur patron, puisque sans leur salaire, elles ne peuvent pas facilement se procurer à manger, à boire, un toit et des soins. Même les indépendants/libéraux courent après les contrats et opportunités pour s’assurer d’acheter au moins le minimum vital. On se met donc à courir après le profit par sécurité pour les plus pauvres, et par ambition pour les plus riches. Difficile d’arrêter la roue…

Et c’est quoi la solution à toute cette merde ? Si le capitalisme n’est pas le problème

Il n’y a évidemment pas UNE SEULE solution à tout cela, mais on peut explorer quelques pistes:

-Par exemple décorréler la valeur marchande du minimum vital (la nourriture et l’eau, l’habitation et la santé dans la mesure du possible) On a tous entendu au moins une fois dans notre vie « Comment tu comptes gagner ta vie ?« . Ah parce que je ne suis pas en vie ? Première nouvelle ! Je trouve que la phrase est malheureusement trop juste, aujourd’hui, dans énormément de nos sociétés « civilisées » on aura du mal à se procurer de la nourriture si on n’a pas d’argent.

Et ce n’est toujours pas la faute du capitalisme, mais plutôt aux premières personnes qui se sont dit « ce serait cool que toi tu te concentres sur la bouffe et tu me la vendes contre des trucs que je fabrique. Comme ça, si jamais tu meurs, je ne saurais plus comment faire à manger et je meurs aussi mdrkikoulol. » (certes on n’est pas que deux dans le monde ; c’est sympa que ceux qui ne puissent pas travailler la terre de par leur condition physique ou mentale puisse faire autre chose ; ce n’est pas aussi simple que ça. Mais quand même, on aurait ptet du se dire qu’on allait essayer de fournir de quoi vivre à tout le monde)

Comme cela on créerait un autre système permettant de prendre en charge les besoins vitaux, et on pourrait garder le modèle capitaliste/valeur marchande pour les biens et services annexes, non-essentiels pour paraphraser notre gouvernement (si tu lis ça en 2021, c’est bon tu vois de quoi je parle).

-Une suppression de l’héritage tel qu’on le connaît, une plus grande redistribution des richesses, (big up Keynes) un p’tit revenu universel ? Et/ou un plafonnement assassin de l’impôt. Qui aurait l’ambition de devenir l’être humain le plus riche du monde si ça pouvait profiter à tout un chacun ? Encore beaucoup de gens j’espère !

On saurait qu’on peut accumuler des moyens de production tout au long de notre vie, et si on cravache, on pourrait même avoir accès à plus de biens annexes que ses voisins. Il y aurait encore cette motivation pour certains, tandis que d’autres s’accommoderaient de vivre simplement, parce qu’il ne ressentirait plus forcément le besoin de gagner de l’argent pour assurer leur survie.

Je pense que l’on assisterait plus à une émulation de créativité dans la qualité pour convaincre les autres que le produit est intéressant, plutôt que dans la quantité et le marketing. Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse. Mais si l’argent est intéressant à acquérir pour ce qu’il peut offrir, on a moins peur de le perdre puisqu’on pourra quand même manger le soir venu. On arrête ainsi l’obsession de rendre quelque chose vendable, mais on part plutôt sur de l’utile.

-Influencer la culture avec des valeurs positives, arrêtez de valoriser la richesse matérielle de manière systémique. Encore une fois, c’est un système de gestion de nos échanges et de création de biens, si l’on en fait une fin en soi, évidemment il y aura des dérapages (encore qu’en poussant la logique au maximum, pour que les échanges se maintiennent, il faut que les acteurs subsistent, de facto la gestion de l’environnement et des limites physiques entrent en jeu).

On a tendance à tout mettre sur le dos du capitalisme et à en faire un grand méchant. D’accord imaginons que ce soit le cas, le rendre aussi gigantesque et invincible à nos esprits, est-ce une bonne idée pour nous donner envie d’agir. Il y a bien des activistes qui relèvent quand même le défi, mais on est une grande majorité (moi y compris rassure-toi) à avoir l’impression d’être impuissant et on abandonne plutôt rapidement, ne sachant pas par où commencer.

Des pensées positives sur ce qui marche et sur ce que l’on peut rajouter au système pour le rendre plus harmonieux, ce n’est pas le plus simple, mais c’est peut-être plus efficace.

Dire que le capitalisme est le problème pour se justifier de ne rien pouvoir résoudre soi-même, est-ce que ce ne serait pas UN des problèmes ? (Et l’origine de quelques dépressions)

Allez à toi de répondre, théoriser et m’écharper dans les commentaires !

2 comments

  1. Je suis content que cela ait fait écho chez toi héhé.
    Je trouve que c’est difficile de trouver que l’on part en vrille puisqu’on est la seule espèce de notre connaissance à avoir une telle capacité de réflexion, c’est peut-être inhérent aux schémas d’une pensée complexe ? (Bien que du coup avec ces perceptions là et mes pensées, je suis d’accord avec toi, ça se barre en cacahuètes !)

    Si tu regardes aujourd’hui on a de plus en plus de moyens de communications mais il y a l’air d’y avoir moins de révolutions qu’avant. Déjà les communications sont plus nombreuses certes mais n’ont pas le même impact, potentiellement moins profondes ou plus dispersées avec de très nombreuses personnes différentes. Ensuite on fait moins partie de communautés qu’auparavant, ce qui donnait un sentiment d’unité et comme tu le dis on se sentait probablement moins faible (même si je pense qu’on devrait viser l’universalisme plutôt que le communautarisme). Et avec le nombre de communications qui surchargent notre cerveau, nous sommes les propres instruments de notre désinformation, on entend tout et son contraire en permanence, du coup on s’éloigne des sujets qui foutent la migraine …

    J’aime bien cette phrase sur la liberté, mais je me demande qu’elle est ta définition de liberté du coup, ce serait intéressant d’en discuter.

  2. Je serais donc le premier commentaire de ce post d´une vérité implacable. court commentaire je fais pour te dire que ce texte m´a touché. Profondément même.

    J´ai l´impression que l´humanité part complètement en vrille, c´est pas forcement le capitalisme le problème comme tu dis. J´ai un peu de mal a comprendre comment tant de gens font pour ne pas exploser de colère. Je ne comprends pas que depuis des siècles il n y ai pas eu d´autres révolutions. Des vrais révolutions … Celles ou le monde bascule. Peut être parce que seul on se sent si faible..

    Vivre libre devrait être le but premier de tout humain. Quand on est libre, les riches et les pauvres on s´en fout.

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